Et soudain une cicatrice

 

 

Et soudain une cicatrice
Une fente, une fêlure
Rien de plus
Rien de moins
Qu’une blessure
Qui s’enkyste
On ne l’a pas vu venir
Mais la douleur s’incruste
Et la douceur des lustres
Passés
S’est évaporée.

 

Nous nous sentions forts et beaux
Solides comme des arceaux
Qui vont de la courbe à la ligne
Soumis au moindre signe
De félicité

 

La puissance de nos étés
Nous rendait tous invincibles
Puis vinrent ces temps indicibles
Qu’un manque
Désespérait

 

Et soudain une cicatrice
Une fente, une fêlure
Rien de plus
Rien de moins
Qu’une blessure
Qui s’enkyste
On ne l’a pas vu venir
Mais la douleur s’incruste
Et la douceur des lustres
Passés
S’est évaporée.

 

Nous pouvions croquer le monde
Libres comme des passereaux
Vivre de nos idéaux
Était une belle rime
Que nous confiait magnanime

 

Ceux qui laissent couler l’eau
Sous des ponts entre nos mondes
De faiseurs de madrigaux
De blanches et de rondes

 

Et soudain une cicatrice
Une fente, une fêlure
Rien de plus
Rien de moins
Qu’une blessure
Qui s’enkyste
On ne l’a pas vu venir
Mais la douleur s’incruste
Et la douceur des lustres
Passés
S’est évaporée.

 

On avait comblé nos rêves
et validé nos espoirs)
Il nous restait à savoir

Ou se trouvait la relève

 

Quels étaient ces à valoir
Qui se posaient sur nos lèvres
Comme un gai savoir
Élèves et maîtres mélangés
Suppliaient

 

Et soudain une cicatrice
Une fente, une fêlure
Rien de plus
Rien de moins
Qu’une blessure
Qui s’enkyste
On ne l’a pas vu venir
Mais la douleur s’incruste
Quand la douceur des lustres
Passés
Est évaporée.